Est-on libre de nos choix de couple ?
Dans un travail systémique avec les constellations, nous avons vu (article) que l’être humain est sous influence et peut vivre inconsciemment sa vie en résonance avec un ou des évènements du passé, liés à un ancêtre de son arbre généalogique.
Dès que 2 personnes rentrent en relation, se crée un système. La relation de couple est le 1 er système relationnel, puis avec l’arrivée probable des enfants du couple se crée un 2 ème système.
Qu’est ce que le couple ?
Le couple se forme par une rencontre de deux êtres, homme et femme (ce peut être aussi 2 hommes ou 2 femmes) qui désirent sous une impulsion chimique, émotionnelle, mentale, cheminer ensemble dans le partage affectif, matériel, sexuel, pour éventuellement fonder une famille, avec la volonté de vivre des valeurs communes, de réaliser des objectifs communs, tout en respectant l’individualité du partenaire. Ce dernier aspect n’est pas vécu pour les couples dits "fusionnels".
Aujourd’hui, dans les pays occidentaux, les personnes sont libres au regard des lois de la société, de décider de vivre avec la personne de leur choix. Donc en partant de cette observation, il serait logique de répondre que « oui, le choix de former un couple hétérosexuel ou homosexuel, provient d’un libre choix personnel » comme le fait de décider de ne pas former de couple, de rester vivre seul(e) serait un libre choix personnel.
L’amour ressenti entre les partenaires est le fondement principal aussi pour désirer vivre le couple.
Ne dit-on pas : « je suis tombé(e) amoureux(se) » ?
Tomber est déjà révélateur d’une chute, cependant je ne développerai pas ce sujet ici, il fera l’objet d’un écrit ultérieur.
Que recherche-t-on dans le couple ?
Pour beaucoup d’hommes et de femmes encore aujourd’hui, la recherche de « sa moitié », de « son complément », « de son alter égo » est une quête importante dans la vie.
La rencontre avec l’homme ou la femme correspond aussi à des critères prédéfinis - que nous croyons personnels - qui vont déterminer notre envie de former un couple.
Le besoin de vivre en couple est en 1er conditionné par la perpétuation de l’espèce. C’est programmé dans nos gènes.
Le 2ème conditionnement, inconscient, provient de notre relation avec nos parents. Pour l’enfant que nous avons été, les parents sont le premier modèle de couple qui va laisser une empreinte profonde dans l’attitude et le comportement que nous développerons une fois adulte avec notre partenaire de couple. Selon que la relation de nos parents sera observée comme harmonieuse ou disharmonieuse, nous reproduirons ou pas certaines de leurs attitudes. Selon aussi la relation que nous aurons développée enfant avec notre mère et notre père, cette relation impactera inconsciemment notre relation avec notre partenaire.
Par exemple, si enfant, nous n’avons pas eu le sentiment de recevoir de la douceur réconfortante maternelle, nous allons la rechercher auprès de notre partenaire, que nous soyons homme ou femme. L’attitude de la mère vis-à-vis du nourrisson crée l’attachement nécessaire pour la sécurité du bébé, puisque biologiquement c’est la mère qui l’allaite. C’est engrammé dans la mémoire cellulaire même si avec l’avènement du biberon, cet attachement peut se faire avec le père aussi.
Dans le couple dit « fusionnel » il y a recherche inconsciente chez les 2 partenaires de retrouver en l’autre sa mère ; soit pour rechercher en l’autre la fusion que les personnes ont vécue enfant avec leur propre mère, soit parce qu’elles ont manqué de cette fusion et souhaitent la trouver en leur partenaire.
La mère, qu’elle soit symbolique dans l’imaginaire ou réelle (celle que l’on a eue) garde une influence considérable, inconsciente, dans le rapport relationnel entretenu dans le couple fusionnel. C’est une demande constante pour le couple de sécurité, de protection, de paix que le partenaire projette sur l’autre, un attachement avec une attente toujours à satisfaire. C’est aussi une relation très tactile entre les personnes avec un besoin de se toucher, par des caresses, par des baisers, avec un besoin de contact visuel et physique important. Difficile pour ce couple fusionnel d’être l’un sans l’autre.
Par opposition, quand l’enfant a eu une relation souffrante avec un parent, qu’il a été dévalorisé, ridiculisé, voire qu’il a subi des punitions corporelles, une fois adulte, il aura avec son partenaire de couple une relation coupée de ses émotions, de ses ressentis, une relation davantage mentale, réfléchie, moins spontanée. Il recherchera en l’autre aussi une sécurité, mais son attitude sera plus froide, moins démonstrative. Il peut vouloir gérer seul l’éducation de ses enfants par besoin de garder le contrôle et ne pas donner sa place de parent à son partenaire.
Toutefois ces observations sont à nuancer car si un des 2 parents a pu compenser la désaffection de son partenaire, l’enfant aura moins de manque qu’il cherchera à compenser une fois adulte dans son couple. L’influence du couple parental sera toujours présent pour autant dans la création de son couple une fois adulte.
Le 3ème conditionnement inconscient qui influence notre choix du couple à vivre provient du système humain.
Le système humain repose sur la loi de cohésion et il gère la relation entretenue par les membres du système grâce à 3 principes :
-Le principe d’appartenance:
On ne peut exclure un membre du système familial ; on appartient de droit inaliénable au système.
Par exemple, lors d’une formation de couple, ce sont 2 systèmes qui se rencontrent, non seulement un homme et une femme, mais toute la lignée familiale de l’homme et toute la lignée familiale de la femme. C’est dire que ça fait du monde dans un même lit :-)
Lorsque ce couple se sépare, si un des partenaires souffre de la blessure d’exclusion, il va rester dans la mémoire du système tant que sa blessure d’exclusion n’aura pas été réparée. C’est-à-dire que lorsqu’un nouveau couple va se former avec un nouveau partenaire, ce couple subira l’impact de la souffrance de l’exclus, tant que celui-ci ne sera pas repositionné dans la constellation, avec un processus d’accompagnement spécifique effectué en séance.
-Le principe de la place:
On se doit de respecter l’ordre dans le système c’est-à-dire la priorité d’apparition des membres : les parents ont toujours préséance sur les enfants. A l’exception du couple où les 2 partenaires conservent la même place sans priorité de l’un par rapport à l’autre.
-Le principe de l’équité:
C’est conserver un équilibre entre donner et recevoir.
Dans un couple, pour qu’il y ait harmonie relationnelle (ce qui ne veut pas dire absence de confrontation), il est bénéfique que chaque partenaire donne à l’autre un peu plus qu’il ne reçoit de l’autre, sinon l’un des 2 individus peut se sentir en dette vis-à-vis de l’autre et en souffrir (risque de rupture)
Dès que l’un des 3 principes n’est pas respecté, il y a souffrance dans la relation entre les individus. Quand l’un des 3 principes n’est pas respecté, c’est qu’il existe une intrication.
Qu’est-ce qu’une intrication ?
Intrication provient du latin « intricare » qui veut dire enchevêtrer, embrouiller.
En physique quantique le terme intrication désigne un enchevêtrement quantique, c’est un phénomène dans lequel deux particules (ou groupes de particules) forment un système lié et présentent des états quantiques dépendant l'un de l'autre quelle que soit la distance qui les sépare.
Dans une constellation familiale et systémique, l’intrication se retrouve dans l’influence de l’histoire de vie d’un parent, d’un aïeul, dans sa propre histoire.
Nous ne comprenons pas pourquoi nous vivons des situations qui se répètent, des échecs professionnels, des dettes financières, des ruptures amoureuses, un état de santé déséquilibré, nous ne comprenons pas pourquoi nous nous comportons d’une façon qui ne répond pas à nos besoins réels comme si nous étions poussés par une force invisible à faire certaines choses que nous savons ne pas nous correspondre.
L’influence d’un ancêtre peut empêcher la formation d’un couple.
Pour témoignage voici l’histoire d’Adeline, qui vint me consulter pour poser sa constellation.
Adeline est une jeune femme à qui tout semble réussir. Elle est jolie, fait un travail qui lui plait, a une vie sociale et amicale bien remplie….seule ombre au tableau et qui la désespère, elle n’arrive pas à vivre en couple plus d’un an consécutif.
Adeline est très attirée par les hommes de couleurs. Successivement, elle est « tombée amoureuse » de 3 hommes black, un amour partagé à chaque fois par ses partenaires avec qui elle voulut successivement vivre en couple.
Et à chaque fois, au bout d’un an, la relation cassait.
Entre chaque rencontre, elle restait quelques années toute seule puis espérait de nouveau faire la rencontre déterminante.
Adeline a un sentiment amer d’échec sur sa vie sentimentale.
En posant sa constellation, voici les informations qui se sont révélées :
A la 5 ème génération avant Aline, une aïeule que nous prénommerons Adélaïde, vivait jeune fille avec ses parents, responsables d’un grand domaine de plantation de coton, en Louisiane. Des esclaves noirs travaillaient pour eux dans les champs et aussi à leur service quotidien. Adélaïde vécut une passion amoureuse avec un esclave noir, qui s’occupait de l’entretien des écuries et avait la charge de veiller au soin des chevaux. Leur amour était interdit bien-sûr à l’époque et ils étaient obligés de se rencontrer en cachette quand ils le pouvaient jusqu’au jour où le père d’Adélaïde les surprit ensemble.
Image extraite de la série "L'esclave blanche"
Sa colère fut terrible et c’est grâce aux supplications de sa fille qu'il ne tua pas l’esclave noir. Par contre il dut quitter le domaine et fut vendu pour travailler sur une autre plantation. Adélaïde tomba malade de chagrin.
Grace à cette information captée lors de la constellation, Adeline put redonner la place du palefrenier dans le système familiale. Elle put ainsi se libérer de l’influence mémorielle de l’ancêtre Adélaïde, une fois la cohésion retrouvée dans le système. La souffrance d’Adélaïde a traversé les générations jusqu’à ce qu’Aline puisse la percevoir.
Aline peut dorénavant vivre sa vie sentimentale sans l’interférence d’Adélaïde.
La libération des influences en constellations systémiques
Pouvoir vivre sa propre vie sans interférence fait appel à un processus de réparation en posant sa constellation par rapport à une problématique rencontrée.
Poser sa constellation permet d' observer les intrications possibles, permet de repositionner les membres à leur juste place, dans l’ordre du système, permet de réintégrer les exclus, permet de redonner à chacun sa responsabilité dans son histoire de vie, permet de reconnaitre aussi notre propre responsabilité, permet de débloquer les nœuds relationnels de façon que ce qui était impossible (la problématique, le blocage) devienne possible (la solution, le mouvement de la vie).
En conclusion, la formation d’un couple n’est pas indépendant des systèmes d’appartenance de chacun des partenaires.
Nous appartenons tous au système de notre famille d’origine. La rencontre de 2 personnes pour former un couple, réunit les ancêtres de chacune, parents et ascendants + descendants (si enfants d’une autre union).
Nous ne sommes pas libres de notre choix de couple, comme de tous nos autres choix dans notre vie tant que nous ne prenons pas conscience des influences qui nous manipulent.
L'être humain existe à travers la trame quantique d’un Tout, dans lequel les espaces temps ne sont pas séparés, dans lequel les espaces temps s'interpénètrent et communiquent avec lui.
C’est la multidimentionnalité de l’être humain.
Marielle